De São Vicente à Fogo

Quand je pars en voyage et que j’en parle à mon entourage, il y a toujours ce temps de réflexion que j’illustre toujours avec amusement au moment de leur faire part de la destination. Le point d’interrogation au-dessus de la tête et le map monde en folie qui se met à tourner dans tous les sens, pour essayer de savoir où se trouve LE pays en question… En général ça va assez vite mais sur ce coup bah j’ai dû y apporter mon lot d’explications géographiques pour aider à y venir poser la petite épingle à bout rouge sur le map… ;-P 

« Tu vois c’est au large des côtes africaines… A l’ouest du Sénégal, tu prends les îles Canaries alors c’est encore un peu plus au Sud, ce sont 10 petites îles, etc… » 

Et oui à toi qui détient la bonne réponse…, c’est bien de l’archipel du Cap Vert dont je veux parler !

Le Cap vert fait encore partie de ces destinations méconnues qu’on a encore la chance de pouvoir visiter et en parler avec la sensation d’être un pionnier. Et c’est cette même sensation qui m’a suivi tout au long de la découverte de ces îles toutes aussi différentes les unes des autres.

Pour t’y rendre c’est simple, c’est une escale à Lisbonne et ensuite tu as le choix entre 3 îles pour ton arrivée sur terres capverdiennes, mais c’est encore plus facile si tu es du genre à te coucher tard et à te lever tôt… Huum oui les horaires de départ et d’arrivée sont fait pour les gens qui vivent la nuit ;-), hehehe mais comme toutes bonnes choses se méritent, ce passage est vite oublié ;-) Et on a l’espoir que ça change ! 

Pour ma part se fut une arrivée sur l’île de Sao Vicente, et quoi de plus immergeant que d’arriver dans un aéroport qui porte le nom d’une des plus grandes chanteuses de morna « Cesaria Evora »… 


Et oui ça te met inévitablement dans l’ambiance…ton corps est envahi de suite d’un mouvement langoureux et tu te mets à marcher de manière nonchalante jusqu’au contrôle douanier qui fonctionne au ralentis… (Oui…une personne pour contrôler les centaines de passagers du vol international c’est du vrai mode ralentis) Mais ce n’est pas grave car tu es déjà passé en mode « cool », « la patience c’est mon signe distinctif », « on chante, on danse, on rit dans la file… » !

Je me dois, également, de tenir au courant toutes celles et ceux qui ont pour habitude d’embarquer leur sèche-cheveux/fer à lisser dans la valise… que celui-ci n’est pas nécessaire ! Le Cap vert sont des îles venteuses alors ça sèche et ça (dé)coiffe naturellement. Autant ces îles sont le paradis des kitesurfeurs, mais pas celui de vos cheveux… Pas de chichi, on prévoira à l’avance de rentrer en mode « dreadlocks » et de ne pas se prendre la tête sur ce sujet ;-P.

Mindelo, c’est la ville qui a vu grandir la fameuse « chanteuse aux pieds nus », une ville où règne une ambiance festive les weekends, où il fait bon flâner dans ses ruelles pavées aux bâtisses coloniales colorées et s’arrêter pour un café, une « Strela », un « ponche » ou encore un « grog » pour les plus téméraires… dans un de ces petits cafés qui ont fait la renommée de bien des artistes capverdiens. 




Au-delà de la ville de Mindelo, il y’a d’autres petits villages et plages qui composent Saõ Vicente. S’impose un petit tour d’ile en images :

Ces bateaux parqués au bord d’une plage arborant les anciennes couleurs du pays ont attiré mon attention par leur message d’amour et de paix.




Lui il a compris que le sèche-cheveux ne servait à rien ;-). Belle rencontre en mode conversation sans queue ni tête pendant 30 minutes (Il ne parle que créole et je ne parle pas le créole…)


Changement de décor et cap sur l’île la plus verte de l’archipel. Le paradis des randonneurs se trouve à 1h00 de ferry depuis le port de Mindelo, celui-ci s’appelle Santo Antão. Et sur le ferry mesdames et messieurs ça décoiffe et surtout ça peut tanguer pas mal selon la saison, alors préparez vos médicaments contre le mal de mer si vous en souffrez car pas d’autres moyens d’y accéder ! Mais encore une fois…c’est encore un spot qui se mérite ;-)


Au rendez-vous, des dizaines de possibilités de sentiers de randonnés selon vos envies et vos capacités physiques. Seul ou accompagné d’un guide vous y trouverez votre compte. Mais Santo Antão c’est également et surtout de belles rencontres avec des locaux discrets mais d’une gentillesse incroyable…

Comme dans beaucoup d’endroits dans le monde et ça me réconforte de le constater, les personnes âgées font parties intégrantes des ménages et sont très respectées. Elles sont également très actives et contribuent au quotidien au maintien de leurs terres cultivables et de leurs habitats.




Un aperçu d’une des vallées verdoyantes de l’île


Profites de faire plaisir à tes papilles gustatives, ici légumes, fruits et poissons frais sont de la partie ! Les Capverdiens aiment cuisiner et mijoter de bons plats. Profites de ton passage pour apprendre à cuisiner leur plat national « La Cachupa », mets à base de maïs et de haricot souvent agrémenté de patates douce, chorizo, porc etc… C’est un délice !


Mettons les voiles pour Santiago ! Aaah non plutôt les réacteurs…Effectivement presque toutes les îles sont accessibles par voie aérienne desservie par la compagnie national TACV ou Binter qui a fait depuis peu son entrée sur ciel capverdien. C’est à bord de petits avions comme celui-ci que les passagers prennent place pour des vols durant entre 30 à 50 minutes.


Malgré son côté très latin, il ne faut pas oublier que l’archipel est rattaché au continent africain et s’il y a bien une île sur laquelle on y ressent vraiment ses racines africaines c’est Santiago ! Ici les femmes sont vêtues de tissus colorés, corbeilles sur la tête et ses habitants vivent au rythme d’une musique beaucoup plus rythmé, « la Funana ». Prépares d’avances tes hanches car ça envoi du lourd  !

Praia, la capitale du pays est bien évidemment bien plus peuplée que n’importe quelle autre ville de l’archipel, beaucoup de locaux d’îles voisines diront qu’elle est dangereuse…Forcément plus d’habitants = plus de délits, mais je te rassure, ce n’est pas du tout à hauteur d’autres grandes métropoles dans le monde. On flâne volontiers dans son centre historique « le Platô » et apprenons beaucoup sur l’histoire très récente de leur combat à l’indépendance.


Coup de cœur pour Cidade Velha, petit village qui fut autrefois la capitale du pays. Pour la découvrir, une belle randonnée dans la vallée de Ribeira Grande s’offre à vous pour prendre fin à Cidade Velha, ville classée au Patrimoine culturelle de l’UNESCO… 

Et là… bam ! Coup de cœur culinaire dans un petit restaurant en bord de mer appelé « Tererù di Kultura ». Au menu ? La pêche du jour accompagnée de succulents légumes et féculents. Un endroit où on y passe sans problème des heures à contempler l’horizon en sirotant un bon cocktail ou jus de fruits frais. 

Ici « Rua de banana » la plus ancienne rue du continent africain.


Santiago souvent à l’ombre de Santo Antão, n’est pas en reste en ce qui concerne les randonnées, cette île en regorge de possibilités ! En effet, à l’intérieure des terres on y rencontre de magnifiques vallées verdoyantes encastrées entre ses montagnes. Rien de mieux que de s’y « risquer » pour y faire de belles rencontres sur son chemin.


A l’ouest de Santiago, se trouve Fogo, île portant incroyablement bien son nom… Ile tant attendu de mon périple, et elle n’a pas déçu mes attentes ! A 2829m règne le Pico do Fogo, volcan parfaitement conique se profilant au loin lorsque qu’on arrive par les airs… Je l’aperçois et je me réjouis déjà de pouvoir le contempler à ses pieds et sentir la force de la nature au plus près. 

Après une marche d’une heure au petit Pico, surviennent en moi, sentiments de désolation face aux dégâts qu’a causé sa dernière éruption en 2014, sensations de vulnérabilité face à sa grandeur et à sa puissance… Sous mes pieds la roche encore rouge et chaude, en contrebas, la lave qui a recouvert l’entier du village de Cha Das Caldeiras, où l’on peut encore apercevoir quelques petites maisons rescapées traditionnelles construites de pierres volcaniques au toit conique fait de chaume ou de feuilles de palmiers.


Ici la lave s’est invitée sans permission….


La ville de Saõ Felipe est des plus agréable, elle est belle, elle est enchanteresse… Colorée, pavée, ses fresques aux couleurs des traditions locales apportent une exposition à ciel ouvert !


La fin de mon périple approche et la fatigue se fait sentir, quoi de mieux que de finir par une bonne journée de repos sur une île dotée de magnifiques plages de sable blanc…Allez hop, cap sur l’ile de Sal ! 

Sal fait partie de ce trio d’îles arides et désertiques aux plages paradisiaques que sont également Boavista et Maio. Ile dites « sur le vent », elle jouit de courants qui font le bonheur des kitesurfeurs. La plage de Santa Maria qui elle est protégée de trop forts courants, fait le bonheur des personnes recherchant le soleil et le repos…

Mais ici attention à l’eau… Elle est précieuse ! Dépassée par l’essors touristique de ces dernières années, le fossé entre les commodités des complexes hôteliers et celles des locaux se crée et ça dérange… Que faire ? Privilégies les infrastructures respectueuses de l’environnement, celles qui préservent les habitudes locales telle que la « morabeza » et faits vivre autant que tu peux le commerce local... Car ce qui fait la beauté de ce pays, c’est définitivement le doux mélange de la beauté de ses paysages et la beauté intérieure de ses habitants. Respectons-les, autant que nous pouvons !


By Estefania Reyes… Récit d’un voyage en Février 2018